Du 27 mai au 27 septembre 2015, le musée Cognacq-Jay propose une exposition sur ces boissons exotiques qu’étaient le thé, le café ou le chocolat au début du XVIIIe siècle.

« Thé, Café ou Chocolat ? » expose des tableaux de peintres emblématiques de l’époque comme Chardin ou Boucher mettant en scène des hommes ou femmes buvant ces boissons chaudes qui font aujourd’hui tellement partie de notre univers. Comme le rappelle Anne Hidalgo en ouverture du catalogue de l’exposition, « nous ignorons parfois tout de l’origine lointaine de nos rituels quotidiens. »

L’exposition nous présente notamment les « vertus et dangers des boissons exotiques« . C’est passionnant de voir la guerre qu’on se livrait à la Cour du Roi pour ces boissons chaudes, décriées ou louées pour leurs vertus médicales. Dans le traité du Bon usage du thé, du café et du chocolat en 1687, le médecin Nicolas de Blégny y décrit le thé comme salutaire pour prévenir des maux de tête et de ventre et soigner les excès. La Princesse Palatine quant à elle écrit en 1716 qu’elle ne peut « souffrir toutes les drogues étrangères ; [elle] ne prend ni chocolat, ni thé, ni café ».

Moins populaire que le café ou le chocolat, le thé était surtout bu par les aristocrates. Son prix élevé, dû aux lourdes taxes, n’a pas aidé à sa démocratisation. Sa consommation s’est développée avec l’adoption progressive des codes britanniques que les élites voulaient de plus en plus imiter.

Une petite salle présente des documents qui m’ont fait rêver. On peut y voir le Traitez nouveaux et curieux du café, du thé et du chocolate, un ouvrage datant de 1681, de Philippe Sylvestre-Dufour. C’est un des traités marquant dans la démocratisation de ces boissons exotiques. Penser à tous les yeux qui ont dû se poser sur cet ouvrage me donne le vertige. J’ai aussi beaucoup aimé ce portrait d’un marchand de tisane glacé.

La dernière salle nous propose de découvrir de la vaisselle destinée au service de ses boissons chaudes. Services de Sèvres ou de Meissen m’ont fait rêver. Comme j’aimerais retrouver au fin fond du grenier de ma grand-mère un service à thé de cette époque ayant appartenu à une illustre ancêtre (oui bon on peut rêver !). Je travaille d’ailleurs près du Musée de Sèvres, je vais devoir y faire un tour un midi. On peut aussi y découvrir des schémas de théières ou tasses litrons. D’ailleurs, saviez-vous que les anses n’ont été ajoutées qu’au début du 18e siècle pour faciliter la prise de contenant chaud.

Modèle d’une théière à pâte dure de Sèvres – Charles Etienne Leguay © Musée Carnavalet

Cette exposition propose aussi des expériences tactiles et olfactives, notamment à destination des malvoyants. Dans la dernière salle, on peut toucher des représentations de certaines tasses et théières. Des grands tubes renfermant des arômes de café ou de chocolat sont également disposés dans la deuxième salle. Evitez de les sentir si c’est l’heure de goûter, vous allez vous évanouir d’envie ! Cet odeur de chocolat chaud comme à l’époque mêle cacao, piment et vanille. Un vrai bonheur !

Pendant toute la durée de l’exposition, vous pourrez vous poser dans la cour du musée pour déguster une boisson chaude accompagnée d’une pâtisserie dans un salon de thé éphémère.

Allez vite visiter cette très chouette exposition, jusqu’au 27 septembre au musée Cognacq-Jay !

Musée Cognacq-Jay, 8 rue Elzevir, 75003 Paris
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h.
Plein tarif : 7 euros

Pour préparer votre visite, vous pouvez télécharger le livret d’accompagnement de la visite sur le site du musée. Le catalogue de l’exposition est lui aussi passionnant. Je sens qu’il va inspirer plusieurs de mes articles. On y trouve notamment un carnet de recettes anciennes complétées de versions plus récentes dont cette liqueur de thé que je devrais tester très prochainement. C’est drôle de voir ces vieilles recettes où on utilisait des gésiers de poule pour faire de la crème au chocolat (j’ai mis un moment à comprendre que cela servait de gélatine).

Une application mobile gratuite (pour Iphone ou Android) est également mise à votre disposition. Des pictogrammes sous différentes oeuvres indiquent un contenu mobile complémentaire, notamment des visuels en haute définition et zoomable. Vous pourrez également y retrouver les recettes présentes dans le catalogue d’exposition.

Les Comptoirs Richard sont mécènes de l’exposition. Pendant toute sa durée, ils proposent dans leurs boutiques un magnifique coffret en édition limitée comportant du café bio, un thé noir parfumé vanille caramel, un pur cacao bio en poudre, des gourmandises et un livret sur l’exposition.